Depuis l’annonce du choix du Comité Nobel sur le Gynécologue Congolais Denis MUKWEGE, les réactions les messages de félicitations fusent des quatre coins du monde. En réalité, c’est depuis un certain nombre d’années que le travail de cet homme qui a consacré sa vie à servir les victimes des violences sexuelles a attiré l’attention de la planète entière. Plusieurs fois nominé pour cette distinction après avoir décroché le prestigieux Prix SAKHAROV de l’Union Européenne en 2014, sans compter plusieurs autres distinctions, le Prix de cette année parait en fait comme une consécration qui n’aurait pas dû étonner, et surtout pas choquer. Pourtant,parmi les proches du pouvoir, à côté des sincères félicitations, des sons de cloches assez surprenants ont été enregistrés par l’opinion.
Ici, il convient de noter le beau message de l’honorable Jeanine MABUNDA, Conseillère Spéciale du Président en charge de la lutte contre les violences basées sur le genre, laquelle a présenté ses vives félicitations au médecin au nom du magistrat suprême.
A noter aussi le tweet du Professeur Henri MOVA SAKANY, plein d’enthousiasme et qui se termine même par : « Un Prix Nobel, ça se fête ! ».
Le même enthousiasme a été constaté de la part des leaders de l’opposition tels que Moise KATUMBI, Vital KAMERHE, Antipas MBUSA NYAMWISI, Jean-Pierre BEMBA, Pierre LUMBI qui a immédiatement appelé l’heureux lauréat, Delly SESANGA, Martin FAYULU, Félix TSHISEKEDI…
Dans cette joyeuse célébration collective, qui rappelle celle qui marque le pays lors des victoires des Léopard en compétition internationale, l’opinion a été surprise par les piques glissées par le porte-parole du gouvernement dans ses messages : « Nous le félicitons malgré que nous ne sommes pas d’accord avec lui », ou encore : « Le Prix Nobel n’est pas synonyme de sanctification », qui ont été rendues publiques par le ministre Lambert MENDE OMALANGA.
Dans la foulée, des éditoriaux minimisant le Prix et s’attaquant au lauréat ont été diffusés par la RTNC, tandis que les réseaux sociaux et les médias sont envahis depuis par des cadres et des communicateurs du FCC qui ont repris la même direction que la RTNC, sur les traces du ministre Lambert MENDE, un acharnement qui est mal digérée par une bonne partie de l’opinion congolaise.
Devant ces discours virulent contre un fils du pays qui a redoré le blason du pays en offrant à ce dernier le tout premier Prix Nobel de la Paix de l’Afrique Centrale, une question est sur toutes les lèvres : qui est donc gêné par la nouvelle stature du Docteur MUKWEGE ?
A ce sujet, convient de se souvenir que le concerné est au premier rang des personnalités qui affirment que, même avec la désignation d’un dauphin, les élections qui approchent n’ont aucune chance de transparence, ni d’inclusivité, ni de crédibilité : depuis des mois, MUKWEGE bats ouvertement campagne pour le départ de Kabila suivi d’une transition citoyenne.
Voilà donc le problème : avec l’aura conféré par ce Prix Nobel, certaines pesanteurs de la MAJORITÉ voient un adversaire acquérir une stature qui risque de leur être préjudiciable.
Pire : cette appréhension n’a pas été contredite par le concerné qui, à peine primé, a non seulement qualifié les critiques du ministre Lambert MENDE de bassesses auxquelles il ne saurait répondre au risque de se niveler lui même par le bas, mais aussi repris son appel à une « Transition sans Kabila ».
Ainsi, autour de ce dernier, les choses sont claires ; le médecin, qu’ils soupçonnent de vouloir « devenir chef à la place du chef », vient de se doter à la fois un solide bouclier et d’une redoutable tribune.
Désormais, toutes les portes lui seront ouvertes et sa voix portera au loin, ce qui risque de menacer les intérêts et les plans de certains.
Vues sous cet angle, les chaudes réactions et les critiques féroces, allant jusqu’à qualifier le Comité Nobel de Norvège d’impérialiste, sont parfaitement compréhensibles.
La Rédaction