Il devient de plus en plus probable que la France ait bel et bien participé au financement de l’horrible génocide qui a coûté la vie à près d’un million de Tutsi au Rwanda en 1994. En effet, après le témoignage accablant d’un ancien soldat de l’opération turquoise sur TV5 et France 24 le weekend dernier, c’est aujourd’hui la banque française BNP Paribas qui est sous le coup d’une plainte pour avoir facilité l’armement des extrémistes Hutus en juin 1994, soit en plein génocide. Cette nouvelle scandaleuse ne peut laisser les Congolais indifférents, dans la mesure où les conséquences du génocide Rwandais de 1994 ont entraîné une suite de malheurs qui ont causé la mort de plus de 6 millions de compatriotes.
Révélations scandaleuses sur TV5 et France 24.
C’est une nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe à l’Est du Congo: le sinistre colonel Bagosora, cerveau moteur du génocide des tutsi en 1994, a bel et bien reçu des armes grâce au soutien de BNP Paribas alors que toutes les autres banques du monde, respectant l’embargo décidé par le Conseil de Sécurité, ont catégoriquement refusé de financer le pouvoir de Kigali. Circonstance aggravante : les faits se déroulent en juin 1994, soit deux mois après le déclanchement de l’odieux génocide après la mort du Président Rwandais Juvénal Habyarimana le 06/04/1994.
Selon France 24 et TV 5, l’association SHERPA, qui a déposé plainte contre BNP Paribas affirme détenir des preuves que c’est le colonel Bagosora, cerveau du génocide, qui a personnellement négocié des armes chez un courtier sud africain pour plus d’un million de dollars, somme dont le transfert au fournisseur a posé problème suite à l’embargo sur les armes qui frappait Kigali aux mains des extrémistes Hutus et que BNP Paribas s’est accaparé de ce marché macabre.
Bien avant cette plainte, l’actualité a été marquée par le refus de la justice française de briser le sceau du « secret défense » qui continue à bloquer l’accès aux archives de l’opération « Turquoise » aux chercheurs et aux avocats des victimes du génocide. A cette occasion, la chaine française TV5 a rediffusé le témoignage accablant d’un ancien officier français ayant participé à l’opération « Turquoise », lequel affirme que les militaires français ont non seulement reçu l’ordre de ne pas désarmer les génocidaires, mais aussi facilité l’acquisition par ces derniers de nouvelles armes.
Témoignages accablants
Avec les témoignages de plus en plus nombreux des soldats français et devant le refus catégorique de l’état français, à travers sa Cour Suprême de Justice, de lever le « secret défense » qui frappe encore les archives de l’opération Turquoise, il devient de plus en plus probable que Paris ait des graves choses à se reprocher dans les dossiers du génocide Rwandais.
En effet, si on lie la présence de BNP Paribas aux révélations accablantes des militaires français eux-mêmes et aux nombreuses accusations de Kigali allant dans le même sens, il y a lieu de croire qu’il y a anguille sous roche.
Plus grave encore, quand l’on se souvient que les régimes MOBUTU et Habyarimana étaient en étroite collaboration et que l’opération » turquoise » était basée sur le sol congolais, et quand on se rappelle que les militaires français et les Forces Armées Zaïroises ont laissé les génocidaires traverser la frontière avec toutes leurs armes et ont continué à s’entraîner et à opérer librement sur le sol congolais, on comprend un peu plus l’origine des malheurs des congolais.
Pour mémoire, tous les habitants de l’Est de la RDC qui fréquentaient les camps des refugiés hutus entre 1994 et 1997 ont vu que ces derniers contenaient des centres d’instruction où étaient obligatoirement intégrés tous les jeunes garçons hutus âgés de plus de 12 ans, lesquels consommaient d’ailleurs une bonne partie de l’aide alimentaire que fournissaient le HCR et le PAM dans des camps comme celui de TINGI-TINGI.
Il est en tout cas indéniable que les forces génocidaires ont reçu des puissants soutiens extérieurs pendant et après le génocide.
Paris a l’obligation morale de clarifier
En tout état de cause, ce dossier ne peut pas laisser indifférent un congolais digne de ce nom, quand on sait que la présence des Forces Génocidaires a produit tant de malheurs et entrainé la RDC dans un engrenage tragique qui a fait déjà des victimes dont le nombre est estimé plus de 7 fois supérieur à celui des morts de 1994 au Rwanda.
En plus, le génocide rwandais a également déstabilisé la Région des Grands Lacs et occasionné des procédures judiciaires, dont la naissance du Tribunal d’Arusha. Il n’est pas juste que des exécutants hutus rwandais continuent à être les seuls à payer pour un génocide dont des sponsors et des complices se cacheraient derrière des prétextes malicieux tels que des « secret défense » pour échapper à faire face à leurs responsabilités historique.
Enfin, compte tenu du droit à l’humanité de comprendre tout sur ce drame et d’en identifier les responsables et considérants le droit, ne fut ce qu’à la vérité, des millions des victimes rwandaises et congolaises du génocide et de ses conséquences, nous estimons que la France a l’obligation morale de donner tout l’éclairage sur son implication dans ce dossier, lequel parait de plus en plus probable.
Ne pas le faire mettrait Paris au même diapason que les intirahamwe et les FDLR et mettrait le reste du monde, et surtout l’Afrique des Grands Lacs, dans l’obligation de lui demander des comptes.
Abraham MUSITSHI.