Les députés et les sénateurs congolais reprennent le chemin du Palais du Peuple ce vendredi 15 septembre sur fond de tension et de multiples interrogations. En principe, cette session devait en effet se pencher sur l’examen du projet du budget 2018 et sur la répartition des sièges aux prochaines législatives, mais la réalité est toute autre: non seulement le budget 2017 commence à peine à être appliqué, mais il n’y a aucune chance que le fichier électoral, sur lequel devait se baser la répartition des sièges, soit disponible avant la fin de cette session. Plus grave encore, compte tenu de l’incapacité de la CENI de convoquer les électeurs avant fin décembre, le Parlement reprend du service sur fond de polémiques et de tensions politique.
C’est ce vendredi 15 septembre que l’Assemblée nationale et le Sénat ouvrent leur dernière session de l’année, celle traditionnellement réservée à l’examen du projet de loi budgétaire. Cependant, cette coutume est battue en brèche par le contexte politique du moment, qui fait que la rentrée se fait sur fond d’incertitudes et de tensions politiques. Et pour cause: selon l’Accord de la Saint Sylvestre, cette session aurait dû être la dernière de la législature, chose qui ne semble pas possible. Par contre, même la date de la publication du calendrier électoral par la CENI, n’est pas encore fixée. En fait, celle-ci promets de publier le fameux calendrier après la très attendue tripartite CNSA-Gouvernement- CENI. Cependant, il y a un couac: la loi organique portant organisation et fonctionnement du CNSA n’est pas encore disponible.
Côté Budget, les choses sont encore plus obscures: le budget 2017 n’a véritablement commencé à être appliqué qu’en août 2017. Pire : Au moment où nous écrivons, la plupart des institutions viennent de totaliser des longs mois sans frais de fonctionnement. Dans les différents ministères, certains membres des cabinets désertent carrément les bureaux. Sur le plan politique, la tension s’installe. Ici, le RASSOP/Limete et la MP se tirent dessus à boulets rouges à travers les médias. Si d’un côté les opposants proches de Félix TSHISEKEDI accusent le pouvoir de chercher à se maintenir, ce dernier affirme pour sa part que c’est plutôt l’opposition qui cherche à esquiver les élections et de leur préférer un putsch qui serait en préparation. En plus, le climat social est loin d’être apaisé. Avec la dépréciation du franc congolais face aux devises étrangères, le pouvoir d’achat des Congolais, déjà plus que médiocre, a plongé dans le gouffre. Sur le plan sécuritaire, le tableau est peu reluisant. Le Kasaï, le Kivu, les Uélés, l’Ituri, le Nord de l’ex Katanga, le Sud Kivu et surtout le Nord Kivu continuent à compter de nombreuses zones d’insécurité. En conséquence, la situation humanitaire est alarmante: avec plus de 3, 6 millions de déplacés internés, la RDC est le pays désormais qui en compte le plus en Afrique
En tout état de cause, une évidence : ce vendredi, le Parlement Congolais vient d’ouvrir une session qui s’annonce riche en surprises et en rebondissements.
Abraham MUSITSHI