L’Ambassadeur Bertin KANUNU, Vice Président de l’UNAFEC/ Kyungu a accordé une interview exclusive à tshukudunews.net au cours de laquelle il a fustigé les abus du pouvoir et estimé que le récent acquittement de 10 opposants à Goma n’était que de la » poudre aux yeux face aux centaines d’opposants qui croupissent encore en prison » en RDC. Quant aux partenaires régionaux et internationaux du pays, « ils ne sont pas là pour nous mettre de la nourriture dans notre bouche » a souligné le No2 de l’UNAFEC.
tshukudunews.net:
Monsieur KANUNU, ça fait aujourd’hui plus de 24 mois que de nombreux militants de l’UNAFEC, sont en détention, que leur reproche-t-on?
Bertin KANUNU:
Ce qu’on leur reproche, c’est tout simplement leur opinion. Vous savez, ceci est une preuve que nous sommes dans un état de non droit. Nous avons 4 militants qui sont détenus à Kinshasa et des dizaines à Lubumbashi. Vous imaginez des personnes qui passent plus de 2 ans dans les cachots de l’ANR, et ceci sans être présentées à un juge ? On est face à un cas unique au monde. Malheureusement ce cas est celui qu’on constate dans notre pays. Nous vivons ici dans une zone de pensée unique, une zone de non droit. Alors quand on nous dit que l’on a libéré quelques militants du Rassop à Goma, c’est de la mascarade, de la poudre aux yeux face au nombre de ceux qui croupissent en prison.
tshukudunews.net:
Très souvent, et dernièrement encore, nous apprenons que la résidence de votre Président National est encerclée par les forces de l’ordre, quelle en est la raison ?
Bertin KANUNU :
C’est vous qui trouvez que ce sont des agents de l’ordre. Peut être que c’est vous qui voyez l’ordre. Nous on ne voit que leur désordre, posez leur la question suivante : pourquoi ce désordre ?
tshukudunews.net :
Croyez vous que les partenaires extérieurs de notre pays jouent le rôle qu’attend la RDC de la Communauté Internationale dans sa situation actuelle ?
Bertin. KANUNU :
Madame, ce n’est pas la communauté internationale qui doit nous mettre la nourriture dans nos bouches. Le problème du Congo concerne d’abord les Congolais eux-mêmes . Tenez, il y a eu alternance en Tanzanie, en Angola, au Malawi et ailleurs sans la moindre nécessité de faire appel à cette communauté internationale. Si nous n’avons pas d’alternance ici, ce n’est pas une affaire de la communauté internationale. Balayons d’abord nous mêmes devant notre propre maison et vous verrez que les autres vont nous respecter. Et puis la communauté internationale a déjà beaucoup fait pour notre pays : Déjà en 1960, la Table Ronde, c’était en Belgique. Il y a eu Tananarive, il y a eu l’Éthiopie, il y a eu le Caire, il y a eu Sun City, il y a eu Nairobi avec l’Accord Cadre pour la paix dans les Grands Lacs et chaque fois nous avons eu les mains tendues vers la communauté internationale pour demander de l’assistance, mais quand est-ce que nous seront grands?
Quand, par exemple vous voyez des gens passer plus de 24 mois en détention sans être jugés; vous le dites à quelqu’un, mais il vous dira ce n’est pas un pays ça ! Et malheureusement, c’est ce que nous vivons en RDC. Nous devons fournir un effort nous mêmes, et les autres viendront nous dire bonjour.
tshukudunews.net:
Justement. Voici un certain temps que le Rassemblement est bloqué dans toutes ses activités, et 3 mois nous séparent de la fin de votre ultimatum à Kabila pour son départ, mais que pouvez vous faire concrètement dans ces conditions ?
Bertin KANUNU:
Et là vous allez nous dire encore que la communauté internationale peut nous aider madame?
tshukudunews.net :
Mais puisque vous êtes incapables d’agir et même de tenir des meetings que vous avez vous même annoncés.
Bertin KANUNU:
Vous dites que nous sommes incapables, nous , opposition, mais qui est capable maintenant?
Mais je vous réponds que nous, à l’opposition, nous avons choisi comme principe: nos lois et la Constitution. Il y a eu un accord qui fixe les limites de la date des élections au plus tard en décembre 2017. Nous respectons les lois, nous informons les concernés que nous allons organiser des meetings. Ils refusent. Nous avons tout tenté. Ils refusent. Devant tout cela, il ne nous reste que l’article 64. Ils se comportent comme s’ils étaient les propriétaires du Congo. Or nous il n’y a pas de propriétaire du Congo, madame: Il y a la Constitution ! Ces gens veulent se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution et nous sommes obligés d’appliquer l’article 64. Je me souviens encore de Mzee Laurent Désiré Kabila qui racontait avoir demandé à Mobutu: « Qui t’a fait Dieu, toi Mobutu ? » Madame, écoute moi: personne, alors personne n’a été fait Dieu dans ce pays. Les jours à venir vont nous réserver des surprises !
tshukudunews.net:
Croyez – vous toujours en l’accord du 31 décembre ?
Bertin KANUNU :
Bien sûr que nous y croyons, c’est d’ailleurs pour cela que nous attendons, conformément à la loi et aux accords.
Nous y croyons puisque nous attendons les échéances convenues dans cet accord.
tshukudunews.net.:
Une question pratique, monsieur KANUNU : L’enrôlement ne commence qu’au 12 septembre dans la Kasaï pour se terminer au 12 décembre au plus tôt, vous croyez sincèrement que les élections sont encore matériellement possibles en décembre 2017?
Bertin. KANUNU ;
Je vous réponds en vous référant à la loi qui dit que tout candidat a le droit de s’enrôler le jour de son élection. Ils peuvent donc voter s’il y a élection en fin décembre.
Concernant les électeurs du Kasaï, il auront leurs cartes au plus tard le 14 décembre. Il n’y a donc pas d’obstacles à nos yeux. Le problème est qu’il ne reste aujourd’hui que 16 jours à Naanga pour convoquer les électeurs car il doit le faire avant la fin de ce mois.
Passé ce délai. Nous saurons si l’accord existe encore ou s’il est mort, et nous agirons en conséquence !
Propos recueillis par Aline ENGBE